Texte destiné à Metakatz, aux éditions La Cinquième Couche, écrit avec Fanny Barnabé.
La fiction de l’auteur inspiré et original, prophète parmi les hommes, oint du sacre romantique de l’écrivain1 et soutenu par un droit d’auteur indépassable paraît de plus en plus incompatible avec les conditions de production contemporaines et les nouvelles pratiques de consommation (en particulier numériques). La question du statut de l’auteur est probablement une des plus controversées au sein des études littéraires2. Pourtant, la posture du génie produisant œuvre originale s’est largement imposée depuis plus d’un siècle et demi comme conception partagée de l’auteur par la société, au point que le poids de ce carcan idéologique pèse lourdement sur la légitimité d’autres conceptions. lire la suite
- Benichou (Paul), Le sacre de l’écrivain (1750-1830), Paris, José Corti, 1973. [↩]
- Compagnon (Antoine), Le démon de la théorie. Littérature et sens commun, Paris, Seuil, 1998. Deux articles ont particulièrement relancés ces questions au XXe siècle : Barthes (Roland), « La mort de l’auteur », dans Le Bruissement de la langue, Paris, Seuil, [1968] 1984, qui attire l’attention sur le texte et sa réception et Foucault (Michel), « Qu’est ce qu’un auteur ? », Bulletin de la société française de philosophie, LXIV, p. 73-104 et la notion de « fonction-auteur ». Sur ces questions, citons un ouvrage introductif utile : Luneau (Marie-Pier) et Vincent (Josée) (dir.), La Fabrication de l’auteur, Québec, Nota Bene, 2010. [↩]